En installant Gigastudio, nous nous sommes retrouvés dans une grande salle, générique et identique à toutes les autres salles du bâtiment.« Au commencement, il y eut le vêtement. L’homme était en quête d’une protection contre les rigueurs du climat, cherchait protection et chaleur dans le sommeil. Il avait besoin de se couvrir. La couverture est la plus ancienne expression de l’architecture. À l’origine elle consistait en peaux de bêtes ou en tissages. La couverture devait être fixée quelque part pour offrir à la famille une protection suffisante, d’où les murs. C’est ainsi que se développa l’idée de construction. (...) le revêtement est plus ancien que la construction. »
A. Loos, « Le principe du revêtement », (1898) in Paroles dans le vide
Nous avions décidé de nous entourer des matériaux récupérés afin de les voir à nouveau, de leur accorder notre attention.
D'abord appliqués sur les deux murs existants, ils sont rapidement devenus paroi scindant l'espace. Ce geste à priori anodin peut transformer complétement la définition du revêtement et sa vocation première. En effet, le revêtement est habituellement la couche de finition, appliquée pour protéger ou décorer une surface. Ici, il prend une toute autre signification, devenant démarcation.
Nous créons notre bulle, notre intimité, l'espace de Gigastudio, dans un environnement plus vaste dont nous tentons de nous séparer. Ce revêtement extrait n'est plus un décor à rien mais un lieu habité. Son expression radicalement opposée à l'in-expression du bâtiment l'environnant, son motif d'un goût peu habituel que nous décidons de tolérer autour de nous et sa charge symbolique sont récupérés à notre compte. Nous affirmons ainsi notre différence, nous nous extrayons d'un contexte bruyant, scolaire, pour devenir ces acteurs que nous cherchons à être, des membres du collectif Gigastudio, ayant laissés nos costumes d'étudiants derrière cette séparation énigmatique.
Ce n'est donc plus vraiment un geste que nous faisons vers eux, une clémence que nous leur accordons. Ils deviennent nos compagnons, indispensables à notre propre développement. Ils nous servent plus que nous leur servons et sont libérés en partie de la futilité dont nous les accusions auparavant.
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