mercredi 16 mai 2012

Bureau GigaStudio

Depuis quelques temps, nous espérions trouver un local pour notre collectif. C'est désormais chose acquise. L'idée d'installer les matériaux comme décor de notre propre bureau nous séduit particulièrement. En effet, outre l'occasion pour nous des les ré-assembler et d'en avoir une vision d'ensemble, nous pensons que cette simple action d'appropriation peut leur donner du sens et devenir un symbole de la « coolitude » de notre studio. En effet, nous avons remarqué, notamment lors de notre étude dans la ville, que le public attend énormément des designers. En s'appropriant les matériaux comme décor de notre bureau, nous les validons d'une certaine manière et les faisons intégrer une sphère d'actualité créative. 


























Pour exprimer plus clairement notre concept, nous nous sommes intéressés au phénomène de gentrification de quartiers urbains. Bien que quittant la sphère propre aux revêtements intérieurs, cette comparaison semble pertinente sur bien des points.

Le terme de gentrification est pour la première fois utilisé en 1963 par la sociologue Ruth Glass pour désigner le phénomène de transformation progressive de la structure sociale des quartiers. Ce dernier bien que dépendant de facteurs locaux spécifiques présente des caractéristiques communes.
Il démarre dans des quartiers anciens, à la population populaire vieillissante, et délaissés par les pouvoirs publiques. Ces quartiers n'étant à priori pas attractifs, les loyers y sont généralement bas, ce qui attire petit à petit une nouvelle population d'étudiants et d'artistes, cherchant à se loger. Cette première vague de « gentrificateurs » est en outre souvent attirée par des valeurs communautaires et de partage.

A la fois dans le dessein d'acquérir un statut social reconnu et pour affirmer ces valeurs, cette population s’investit dans la vie du quartier. C'est un double rapport d'identification entre le lieu et les valeurs symboliques qu'il véhicule (l'ancien, la convivialité, le contraste avec la banlieue moderniste) et d'appropriation et de renforcement de ces mêmes valeurs. Cette conquête qui contribue à la construction identitaire des « gentrificateurs » devient également montre de leur créativité.

Les lieux investis, de manière souvent clairement lisible (empreinte sur la façade des bâtiments, organisations d'événements, ...) deviennent connus d'une plus large portion de population. Généralement plus diplômée, elle exclu petit à petit les anciens habitants des classes inférieures, jusqu'à ce que le quartier devienne le nouveau lieu à la mode. Les loyers alors augmentent et l'on voit s'installer partout des bourgeois bohèmes, des avocats, etc.

Nous constatons que, dans ce phénomène, c'est bien la présence et l'acquisition territoriale remarquée de quartiers par des créatifs qui sont à l'origine d'un nouvel engouement. De même, ces lieux chargés d'histoire ré-affirment la position d'inventivité et de valeurs décalées de ceux qui les investissent.









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